L’écoconception des bâtiments et infrastructures : Impact d’activité et apports philosophiques, vers un retour aux territoires

Comment l’ACV ou les limites planétaires peuvent aider à l’écoconception de nos bâtiments et infrastructures ?

Sylvie Groslambert, une ingénieure Chimiste de l’Université de Liège, a présenté le projet VALDEM qui a pour objectif de valoriser des actions transfontalières de démolition. Jérémy Rodrigues, un ingénieur de recherche en évaluation environnementale à la BRGM, a quant à lui partagé son expérience des contributions du contexte territorial à l’écoconception du secteur du bâtiment. Enfin, Stéphane Poullard a parlé de Granudem ; son entreprise qui produit en partie du béton… à partir de béton.

Divergences, dispersion et impact d’activité 

Si le secteur du bâtiment et de la construction génère l’un des plus grands flux de déchets à l’échelle de l’Union Européenne, le projet VALDEM, piloté par le Centre Terre & Pierre (CTP), vise à améliorer les procédés de recyclage, à les rendre plus profitables, ou encore à optimiser les filières de valorisation entre la France et la Wallonie. Avec un budget global de 3,55 millions d’euros et un périmètre d’action étendu à 62 000 km2, le projet dispose du savoir-faire de l’INISMa (Mons) et de l’Université de Liège en Belgique. Du côté français, L’École Nationale Supérieure Mines Telecom (Douai), le CD2E et l’entreprise Neo-Eco Recycling se sont associées. VALDEM a pour objectif de localiser des sites qui seront démolis d’ici 50 ans ; d’identifier des fabricants pour les inciter à utiliser des matériaux recyclés ; ou encore d’exercer une activité de lobbying auprès des politiques afin qu’ils intègrent des obligations en termes d’usage des matériaux recyclés. Ces actions sont d’autant plus nécessaires que le contexte juridico-politique n’est pas encourageant… les déchets identifiés sur les sites sont hétérogènes, dispersés et révèlent le problème des divergences entre les divers pays européens en termes de législation. Par ailleurs, peu de blocks sont disponibles pour optimiser les rendements de production des matériaux recyclés. Pour palier cela, il est possible d’intégrer des granulats externes pour améliorer les bénéfices, malgré un impact d’activité relativement faible. Pour autant, l’apport philosophique du projet est qualitatif : l’activité de recyclage s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire.

 

Un projet global pour des enjeux locaux

Afin d’optimiser l’impact du recyclage, Le projet OVALEC a pour objectif de développer des outils permettant d’affiner la connaissance des territoires au sein desquels l’activité s’exerce.

L’exploitation de la notion d’impact environnemental met en exergue la nécessité de développer des éléments méthodologiques et de considérer davantage la dimension locale de la gestion des déchets.

En effet, il importe de faire évoluer les données et l’intelligence des territoires. Elle pose également la question de l’intégration de contraintes réglementaires ; notamment pour inciter les territoires et leurs acteurs à se tourner vers l’économie circulaire. Le projet a permis de mettre en évidence une tension sur la ressource granulaire. Des tendances ont été dégagées par le biais d’indicateurs permanents. Cependant, il importe de généraliser les conclusions à d’autres ressources !

 

Vers des constructions durables : la société GRANUDEM

Enfin depuis 2016, l’activité de Stéphane Poullard consiste à produire des granulats recyclés.

Après l’élaboration d’un cahier des charges avec le CERIB et en collaboration avec l’État, l’entrepreneur s’est donné pour défi de refaire des matériaux sur place après que la destruction de bâtiments ait été réalisée. Cette activité sur chantier a pour intérêt de ne nécessité aucun transport.

Pour le chef d’entreprise, la mobilisation d’acteurs ne semble puisque la production de béton recyclé serait égale voire inférieure aux coûts de production du marché classique. Résultat ? La ville de Chartres s’est engagée à inciter les promoteurs à utiliser au moins 30% de béton recyclé pour la construction de logements sociaux. Les granulats GRANUDEM disposent d’un label, il ne reste désormais plus qu’aux autres entreprises à s’en emparer !

Au regard de la notion d’impact environnemental, l’activité d’écoconception traduit un retour aux territoires et implique une meilleure considération des enjeux locaux. Pour cela, des moyens coercitifs et incitatifs restent à développer. 

Madeleine Ernault De Moulins et Valentine Leduc
Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de Lille (IAUL)